La règle numéro un du routard, c´est de faire des plans, des itinéraires, de dire je reste ici pendant 2 mois, après je fais ca et encore ca.... pour finalement tout changer en une fraction de seconde. C´est ce qu´on fait constamment. On change nos plans. Oui, on voulait rester au moins 2 mois à Pisco et pourtant on a changé nos plans. N´est-ce pas la liberté du routard? On était poutant bien dans notre petit cocoon familial à la casa de voluntarios de Pisco sin Fronteras! On s´y est senti chez nous, comme dans une famille... une grande famille de 60 volontaires. Ca n´a pas été facile de partir mais c´était notre choix. Pourquoi partir alors? On avait la bougeotte. Tout simplement. Comme dirait Stefan, on avait des abeilles dans le c...On a fait nos sacs, on a quitté nos amis et nous nous sommes mis en route pour Nazca.
Nazca, ville mystique, est célèbre pour ses dessins visibles du ciel, découverts en 1926. Les théories concernant ces lignes vieilles de 2000 ans, dessinées par la civilisation Nazca, une culture pré-incaique, sont très variées et continuent d´intriguer les scientifiques. Entre calendrier astronomique, rites voués aux dieux, ou encore piste d´atterissage pour extraterrestres... personne ne sait pourquoi et surtout comment ce peuple a réalisé de tels dessins. Le plus étrange est:pourquoi n´ont ils tout simplement pas disparu avec le temps? Mystère et boule de gomme...
On est restés quelques jours à Nazca. C´est là que nous avons rencontré deux francais, Kassou et Ben. Le courant passe bien. C´est décidé, on va faire un bout de chemin ensemble.
Direction Arequipa, 9 heures de bus nous attendent. On a réussi à avoir des tickets pas chers, à seulement 50 soles (12 euros environ) par un des gérants de l´hotel “Friend´s house” à Nazca. Je lui demande si le bus est directe jusqu´à Arequipa, s´il est sûr et s´il fait des haltes. “No problemo, es directo, es seguro (sur)”. Ok, s´il le dit.
On arrive à la station de bus. Y´a pas de place pour nos sacs. En forcant comme un barbare, le conducteur du bus en trouve de la place.... Et là, on se dit que dès qu´ils vont ouvrir les soutes, ce sont nos sacs qui vont tomber en premier.... Pas bon. Mais c´est soit disant sans haltes, n´est ce pas, donc no problemo. On part. 10 minutes plus tard, déjà le premier arrêt. C´EST CA DIRECTO, SANS HALTE, BORDEL?? Ca n´a fait que ca toute la nuit. Le bus s´arrête, des péruviens montent et descendent. Ils courent, ils ouvent les soutes, prennent leurs sachets de riz, de pain, de mais, s´affolent dans tous les sens... On essayent de regarder si nos sacs sont sur le bord de la route. Merde, celui de Kassou est sur le trottoir.... Le bus commence déjà à partir. Un des péruviens qui venait de descendre choppe le sac et le balance à l´avant du bus. Merci gentil péruvien! Au moins on sait où chercher le sac à l´arrivée à Arequipa.
Ca y est, on arrive enfin. On a pratiquement pas fermé l´oeil de la nuit. On récupère nos sacs, tout va bien. On prend un taxi qui nous dépose à l´hotel “Home sweet Home”. Petit déj et petite siesta s´imposent.
Arequipa, qui signifie “près de la montagne” en aymara ou “ici restez bien” en Quechua, est la deuxième ville la plus peuplée du Pérou. Elle est située à 2335 m d´altitude, au pied du volcan Misti (5822 m). La ville est très touristique et de style très européen. Des centaines de Gringos (étrangers) se promènent aux alentours de la magnifique Plaza de Armas. La cathédrale est en pierre blanche, derrière laquelle s´errigent les volcans. On s´y sent en sécurité. On s´y sent bien malgrè la horde de vendeurs de petits alpagas en laine, de circuits touristiques et babioles en tout genre qui nous harcèlent sans relache du matin au soir. On a parfois l´impression d´avoir écrit “dollars” sur le front... Les riches gringos....c´est tout nous, ca:)!!..... Ah ah!
Au bout de 2 jours, on a à nouveau la bougeotte. On a entendu parler d´un Canyon, le Canyon del Colca, un des plus profond du monde (3400m de profondeur).
Le lendemain à 9h, toujours avec Ben et Kassou, on part pour Chivay, à 4 heures de route d´Arequipa. On a laissé la plupart de nos affaires à l´hotel. Le bus (Andalucia) est un vieux de la vieille. On entame la montée d´Arequipa. J´ai l´impression que j´irais plus vite en marchant... La patience, c´est le mot d´ordre au Pérou! La route est en bonne état. On pique un petit roupillon. Mais pas pour longtemps! L´état de la route s´est détérioré. Y´a carrément plus de macadam, seulement des pierres et des trous. Le voyage jusqu´à Chivay est assez rock´n roll. On se demande s´il y a des amortisseurs sur ce bus... Trinballés de droite à gauche, et de gauche à droite, des paysages lunaires, ponctués d´orange, de vert, de beige et de jaune, sous un ciel bleu azur s´offrent à nous. Des alpagas sauvages se promènent le long de la route. Levant tous la tête, ils regardent passer l´engin vrombissant, laissant une épaisse poussière sur son passage.
On arrive à Chivay. On a encore deux heures de route jusqu´à Cabanacondé, petit village situé à l´autre extrémité du Canyon. On a deux heures d´attente. On va dans le centre de Chivay et trouvons un endroit où on peut avoir un menu pour 2 soles cinquante: soupe, riz et cui (cochon d´inde, une des spécialités péruvienne! Très bon! A mis chemin entre le lapin et le poulet).
Et c´est reparti. Direction Cabanacondé. On passe juste à coté des ravins. Rooo... la vache!, c´est haut! On prie pour que le conducteur soit sobre et que le bus soit en bonne état. Une fausse manoeuvre et c´est adieu. Tout à coup, le bus fait un drôle de bruit. Un bruit de métal. On s´arrête au prochain village. Après 5 minutes, on entend des bruits de marteaux. Ca tape, ca trifouille sous le bus. On voit juste les gambes du conducteur depasser de sous le bus. 10 minutes... 20 minutes.... On descend du bus et admirons les peruviens en action, une binouze à la main. Bah ouai, on avait que ca à faire... D´autres gringos descendent aussi du bus et se joignent à nous. Ils essayent de parler anglais. Je leur facilite la tache: “Vous êtes francais?” Au final, on se retrouve à 6 francais et Stefan au milieu des gaulois. “C´est l´invasion francaise”, me dit-il. Une demie heure..... 45 minutes.... Au bout d´heure, les péruviens mécanos se déclarent vaincus.
Il faut attendre le prochain bus. Il arrive 5 minutes plus tard. Hop, on monte. Le bus est plein à craquer. On est debout dans l´allée. Y´a plus la place pour mettre une banane. On s´accroche tant bien que mal et c´est parti. Manquant de me vautrer plusieurs fois, je tiens bon. L´ambience est sympa. Ah! Encore des francais! Au final, nous voilà à 9 francais...et Stefan!
On arrive à Cabanacondé. Un mec (devinez la nationalité...) vient à nous.Vous cherchez un logement? 10 soles la nuit. C´est parti. Le convoi de francais, style colonie de vacances, suit Mathieu, le guide. On arrive dans un restaurant rustique “Valle del Fuego”. Cheminée, table en bois, musique jazz...l´ambience est sympa. On passe une soirée tranquille. Spaguettis et steack d´alpaga au menu (très bon) et..... un thé aux feuilles de coca (maté de coca). Maman, rassure toi, on se drogue pas! La feuille de coca a de nombreux bienfaits. Elle joue un rôle très important dans la culture andine. Elle aide à combattre le mal des montagnes (migraines dûes à l´altitude), elle stimule la circulation sanguine et facilite l´oxygénation du sang, elle génére de l´energie, elle améliore le fonctionnement du foie etc... Bref, c´est une plante sacrée en Amérique latine. A l´etat naturelle, elle est inoffensive et bienfaisante.
Le lendemain, on se prépare à partir en treck. Kassou et Ben ont sympathisé la veille avec deux francaises et décident de partir avec elles à l´oasis (2 heures de treck), en bas du Canyon. Hormone...quand tu nous tient...! C´est donc là que nos chemins se séparent. Pour nous, c´est direction Llahuar (4 heures de route). 1100 m de descente.
C´est dur, le soleil tape, y´a pas d´ombre.... Bon, on se plaint pas car les paysages sont à couper le souffle!!! Pas un seul touriste sur la route (ils s´agglutinent tous à l´Oasis). Un péruvien d´une bonne 50aine d´années nous dépasse avec son âne. Il descend la montagne en sautillant, comme si c´était une ballade de santé.. Complétement en admiration, on le regarde descendre avec une pointe de jalousie dans les yeux.... Après 2 minutes, on se regarde et Stefan me dit: “mouai... j´aimerais bien le mettre sur un vélo, et là on verra bien qui rira le dernier!” et moi d´enchainer: “ouai, c´est clair... aux 400 mètres 4 nages, je le latte!”. Faut se rassurer comme on peut!:)
On arrive en bas du Canyon. Les genoux commencent à faire mal. On traverse la rivière et arrivons une demie heure plus tard au hameau “Llahuar”. Il y a peut être 7 maisons en tout et pour tout. On est accueillis comme des princes par une gentille petite mamie. Pas d´electricité. Back to the roots. Et c´est pas pour nous déplaire. Il y a des piscines thermales à 30 mètres plus bas. Le pied! L´eau est à 35 degré. Un bon petit diner, un ou deux Maté de coca et au lit!
Après une journée farniente à Llahuar, on décide de repartir à Cabanaconde. On sait ce qui nous attend.... Tout ce qu´on a descendu, il faut le remonter, logique.... En route!
C´est encore plus dur que je le pensais. Ca n´en finit pas. Un pied devant l´autre, petit à petit, on avance. Je commence à sortir des gros mots. Pas bon, mais ca soulage. Un peu.
On reste concentré sur la route. Tout à coup, on voit une ombre filer au sol. A croire que les esprits incas ont voulu nous récompenser. Au dessus de nous, plane un condor, enorme oiseau de 3 mètres d´envergure. Je me sens, à ce moment précis, comme Zia avec mon Esteban (Stefan, c´est Esteban en espagnol!). Bon, trouver les merveilleuses cités d´or, c´est pas au programme d´aujourd´hui. L´oiseau est majestueux. Esteban se regale. 50 photos plus tard, on se remet en route.
Au fur et à mesure qu´on monte, on a de plus en plus de mal à respirer. On sent qu´il y a moins d´oxygène mais on est presque arrivé.
Après 6 heures de montée, on arrive exténués au restaurant Valle del Fuego. On ne fera pas long feu. Petit dinner (encore de l´alpaga) et bien sûr un petit maté de coca!
Le lendemain, on se prépare à partir pour Chivay. Zut! Le bus est plein. On a oublié que c´est Halloween et que demain c´est la Toussaint. Bon bah, on reste une journée de plus.
C´est l´anniversaire du francais (Mathieu) que l´on avait suivi le premier jour jusqu´à l´hotel. Soirée crêpes et punch. Je vois Mathieu sortir une autre bouteille. Oh dios mio, c´est de la vodka. L´oeil de Stefan commence à briller. “Stefan, tu veux une tite vodka?”. Et Stefan ne se fait pas prier longtemps. Quelques vodkas plus tard, on va se coucher un peu éméchés..
On repart le lendemain en bus et arrivons à Arequipa vers 20h30. Direction “Home sweet Home”. On regarde les photos ensemble. 6 jours formidables au Canyon del Colca.
Demain, on se met en route pour Cuzco.
La suite au prochain épisode...
Bisous à tous !!!!!!!!
Nadège