Bah oui, je pense à tous ceux qui ne parlent ni l´anglais, ni l´allemand.
Ca fait 10 jours que nous sommes au Pérou et on s´habitue peu à peu à la vie péruvienne.
Nous sommes partis le mardi 15 de Düsseldorf...enfin c´est ce qui était prévu. On s´est levé à 4 heures du mat´ mais on a pratiquement pas dormi. L´excitation était palpable. “Stefan...tu dors? Non et toi?” La mère de Stefan nous a conduits à l´aeroport. Excités comme des puces, on est arrivés bien dans les temps à Düsseldorf. Y´a plus qu´à attendre de rentrer dans l´avion...sauf que l´hotesse arrive et coup de téléphone. Je vois son visage. Pas bon. “Nous sommes désolés mais en raison des conditions méteo à Francfort, le vol a été annulé, nous vous prions d´accepter nos excuses...blablabla”. Je vous passe tous les gros mots et insultes qu´on a pu dire à ce moment là. On passe par la porte de sortie que l´on pensait franchir dans un an.
Ok, plan B. On a encore 3 heures jusqu´à ce que notre avion décolle de Francfort. On va au guichet. L´hotesse nous dit qu´on peut prendre le train, qu´on devrait arriver dans les temps si on se dépeche. Tickets en poche, c´est parti, on court jusqu´à la gare. Le train est à l´heure. Ouf. On arrive à l´aeroport. La file d´attente au check in est trop longue. On passe au guichet premiere classe. L´homme nous dit qu´on a interet à se depecher car l´avion decolle dans 45 minutes. On dépose nos sacs et paf c´est parti. On court, on court, bouscule les gens au passage et arrivons enfin au point d´embarquement, dégoulinant de sueur. Tout va bien l´embarquement vient de commencer. Ha...on peut se détendre enfin.
Arrivés à l´aeroport de Caracas, au Venezuela, l´ambience nous parait stressante. Les gens fourmillent, courent, et les hotesses d´accueil sont pas sympas. Bon, tant pis, on reste pas là longtemps. On prend la correspondance pour Lima sans problème.
Ca y est, on est arrivés à Lima! Youpi! L´aeroport est vide. On arrive au poste de controle de l´immigration. On a écrit 3 mois sur nos papiers, ce qui est la limite de séjour au Pérou. On se prépare mentalement à baragouiner en espagnol pour expliquer ce qu´on va faire dans le pays aussi longtemps. Le type à l´immigration nous a à peine regardés, mis un coup de tampons et nous a fait signe de dégager. Ok, pas d´ probleme, on dégage volontiers.
John, un péruvien que l´on a rencontré en Allemagne, nous attend à l´aeroport. On est contents de voir un visage connu. John nous amène à notre hotel. On passe la soirée avec lui dans un café resto du Quartier Miraflores et degustons une pizza et des papas (frites) pour la première fois....mais pas la dernière. Ici, le plat que tout le monde mange c´est le pollo con papas (poulet frites) y arroz (riz).
Notre séjour à Lima a été très agréable. John était notre guide. Il nous a fait découvrir Lima, sa Place de Armas (Place des armes) et sa Cathédral, la plage et ses cafés et.....le club des allemands de Lima, batiment somptueux au beau milieu d´une ville comprenant des disparités sociales très impressionantes.
Le samedi, après une soirée arrosée avec John et ses amis, nous partons pour Pisco en bus. Ce jour-là, je ne me sens pas tres bien. J´ai des maux de gorges et je me sens fièvreuse. Je dors pendant pratiquement tout le voyage. Je regarde de temps en temps dehors et découvre des paysages desertiques. Rien ne pousse ici. Du sable mélé à de la terre, des pierres, des chiens errants, des gens au bord de la route, des baraques en tolle, en carton, en plastique.... Waouh... Ou est-ce qu´on est tombé??
On arrive à Pisco. La ville a été detruite à plus de 70 % par un tremblement de terre le 15 Aout 2007. Et depuis, pratiquement rien n´a été reconstruit. On a l´impression d´être en territoire de guerre. La poussière, les monts de pierres cassées partout. Les routes ne sont pas vraiment des routes. Il faut contourner des trous immenses dans la chaussée. Dire qu´on se plaint souvent de l´état des routes en France. Ah ah! De la rigolade!
On arrive au Quartier général de l´association Pisco Sin Fronteras. L´accueil est très chaleureux. Wendy, qui vient de Nouvelle Zelande nous montre les locaux. On arrive à avoir 2 lits dans l´allée séparant la cuisine des toilettes (au moins on a tout sur place!). Le week-end est très relax. Tous les volontaires sont partis en excursion. On a préféré rester a l´association car j´avais toujours de la fièvre.
Après une bonne nuit de sommeil, je me sens mieux. Plus de fièvre, c´est déjà ca. Les maux de gorges m´embetent toujours mais c´est supportable. Après quelques solutricines, c´est reparti.
Lundi: Levé à 6h30. Les cuisinieres s´affolent autours de nous. Ca passe et ca repasse. Les chiens hurlent dehors et les Tuk-tuk (petit taxis qui se conduisent comme des scooters) n´arretent pas de klaxonner. Un concert de bruits nouveaux pour nous. Zut y´a pas d´eau... De 20 h à 7h15h le matin y´a pas d´eau... Faut attendre pour se faire tite toilette...
A 08h c´est le meeting. Un jeune homme nous présente les differents projets. Je me décide pour la “montagne”. It´s the hardest work”. C´est le travail le plus fatiguant. Bon, on verra. Stefan s´est décidé pour le projet “french bathrooms”. Avant de partir, il faut pousser le camion qui ne démarre pas.... “C´est tous les jours comme ca” me dit Wendy. Après quelques tentatives, le camion demarre, c´est parti. Tout le monde monte. Ca fait style convoi exceptionnel, tres américain, mais tres cool! On arrive à une genre de....montagne effectivement. Notre job, c´est de casser la pierre calquaire. On fait un trou et là les gens construiront une “maison” ou plutot une hutte. La journée fut errintante. A l´aide d´une pelle, on ramasse les pierres que l´on met dans des brouettes, lesquelles sont vidées plus bas dans la montagne. Je reviens vers 18 h complètement vidée mais super contente de ma journée. Bonne ambience et bon boulot.
Le lendemain, rebelotte la montagne. Malgré les courbatures horribles dans le dos, les bras et les jambes (enfin, dans tout le corps quoi..), je tiens bon.
Je rentre vidée une fois de plus. Un bon repas, une tite binouze et hop! Au lit.
3h du mat: mon ventre fait des bruits bizarres. Je commence à avoir des suées. Pas bon... Les spasmes s´intensifient. Merde, il faut que j´aille aux toilettes mais y´a pas d´eau... Tant pis il faut vraiment que j´y aille sinon je risque de repeindre les murs.... Ouf, y´a de l´eau dans un bac. C´est bon, je peux au moins tirer la chasse.
4h du mat: rebelotte
5h: rerebelotte.
6h30: je me lève, vidée, au sens propre comme au sens figuré. La journée s´annonce difficile. A 9h, je pars sur un site de démolition. Je me sens plus qu´à l´aise, à mon grand étonnement, pour ce qui est du maniement de la pioche et de la massue. On creuse des tranchées, on casse, deblaye des grosses pierres, 10 coups de pelle par ci 10 coups de pelles par là. La pioche et moi ne faisons qu´un. Super ambiance. Super repas péruvien le midi. Je rentre le sourire aux lèvres, complètement crottée de la tête au pieds, mais ravie.
Mon intestin ne me laisse pas de repis longtemps. C´est reparti le soir. Stefan, le survivor, qui normalement a un système immunitaire à toute épreuve, commence à montrer lui aussi des signes de faiblesses. “Tous les volontaires sont malades au plus tard au bout de 2 semaines. On est constamment malades ici. Diarrhées, maux de gorges, bronchites.. C´est notre lot quotidien.”, nous dit Wendy. On est 60 volontaires. Les microbes se propagent à une allure impressionnante. Les conditions d´hygiene sont plus que limite.
Jeudi: Je décide de repartir sur le site de démolition. Stefan est avec moi aujourd´hui. Les autres nous appelent la “dream team”. Pioche, massue, marteau piqueur en main, rien ne nous resiste. L´équipe est très soudée. 2 Britaniques (Natalie et Seb), Wendy, et Ian (Afrique du Sud) sont avec nous. Entre rigolades et travail acharné, l´ambience est détendue.
Le soir, on va voir le match de foot des volontaires: Les latinos contre...le reste du monde. 7-1 pour le “reste du monde”. Pendant le match, Stefan a envie de faire pipi. Il va un peu plus loin. Il revient 10 minutes plus tard, quelque peu choqué. Qu´est qu´il y a? Il me dit qu´il s´est fait attaqué par des chiens. 7 chiens se sont rués sur lui. Il a crié et essayé de montrer de l´autorité. Courir ne sert à rien. Ils se sont arrétés...sauf un. Il l´a chopé à la jambe. Résultat: grosse entaille. La blessure est profonde. Sales clebs! On rentre à la maison en groupe. On décide de se rendre le lendemain à l´hopital. On a fait les vaccins contre la rage mais on ne sait jamais. On préfère la sécurité. Je nettoie la plaie, desinfecte, et hop au lit.
Vendredi: on se rend à deux à la clinique. Le docteur Cubain, reconnu des volontaires, nous recoit. Apparemment, la rage n´est pas rependue à Pisco. Le plus gros risque, c´est l´infection. Antibiotique, anti-inflammatoires, crème antibiotique en poche (pour en tout et pour tout 2euros 50!!), on repart. Il faut qu´on y retourne pour controler la blessure la semaine prochaine et dire exactement ou ca s´est passé. Ils vont regarder s´il y a un chien mort dans les parages du stade. Si c´est le cas, il recevra une injection anti-rabique. Le medecin nous a dit que lorsqu´on voit des chiens agressifs, il faut ramasser une pierre. Ils en ont peur. Maintenant, on le sait!! L´après-midi, j´aide à préparer à manger.
Samedi: Je suis allée aux French Bathrooms. C´est au beau milieu du desert. On construit des sanitaires pour la population. Une assoc francaise est à l´origine du projet et sponsorise le matériel. Nous, on fournit la main d´oeuvre. C´était plutot interessant meme si ca demande beaucoup de précision et de concentration.
Ce soir, après une semaine de travail de forcenés, on fait une soirée ayant pour theme: As tu des talents particuliers? Bref, un peu le style graine de star. J´ai décidé de chanter une chanson...celle de Camille, Ta douleur. Stefan va jouer des percussions...enfin si on trouve un djumbé...!!
Voili voilà, pour les premières impressions du Pérou.
Je vous fais à tous et à toutes de gros bisous et félicitations aux heureux parents de Louy!!!
Hasta luego los amigos!!